-L’année 2018 s’est terminée dans le rouge. Le rouge pour les indices boursiers qui ont affiché des performances calamiteuses, avec un CAC40 en repli de 11%. Le rouge aussi pour les taux, qui après s’être tendus en début d’année, se sont repliés entre novembre et décembre. Fait majeur : c’est la première fois, en plus de quarante ans, que toutes les classes d’actifs ont corrigé.
Ces contre-performances sont principalement le fait d’éléments « perturbateurs » qui se sont manifestés à travers le monde en 2018.
En Europe, les marchés ont été préoccupés par le Brexit et l’Italie mais aussi par un modèle économique et financier qui arrive en fin de course. En effet, notre système doit faire face à plusieurs limites : vieillissement de la population, poids de la dette privée et publique, ubérisation de l’économie, mutations technologiques avec le développement de la robotique et de l’intelligence artificielle – prélude de la disparition de nombreux emplois -, ainsi qu’une très grande difficulté à faire repartir la croissance et l’inflation malgré toutes les liquidités injectées.
Dans le reste du monde, c’est principalement la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui aura perturbé les marchés. Sous fond de rivalité pour le leadership économique mondial, les deux géants se sont lancés dans une guerre économique dont personne ne connait l’issue. En fin d’année, les investisseurs se sont aperçus de l’aplatissement de la courbe des taux américaine (cf notre newsletter de septembre 2018) ce qui est généralement marqueur de la fin d’un cycle économique.
Nous avons aussi assisté à la normalisation monétaire des grandes banques centrales mondiales, c’est-à-dire à la fin de l’argent gratuit. Les Etats-Unis, qui ont initié leur remontée des taux en 2015, ont relevé ces derniers quatre fois cette année pour atteindre un taux de refinancement de 2,50% contre 0% pour la zone euro. Bien qu’ayant pris du retard, la BCE a enfin clôturé son Quantitative Easing, en décembre.
Ce sont ces risques qui nous ont conduit, tout au long de l’année 2018, à vous conseiller d’être prudent et de ne pas surinvestir, sous prétexte d’absence d’alternative, sur les marchés actions. En effet, depuis la mise en place des politiques monétaires dites accommodantes (baisse des taux et injections de liquidités), les investisseurs ont déporté – souvent par défaut ou « effet de mode » – leurs liquidités vers les marchés actions. C’est notamment ce phénomène qui a conduit à l’inflation des actifs financiers.
Perspectives 2019
Que peut-on alors attendre de 2019 ? L’exercice de prévision est difficile mais nous pensons que certaines tendances de fond vont se poursuivre.
Tout d’abord, sur le plan économique et politique, l’année sera rythmée par plusieurs évènements majeurs : la sortie officielle du Royaume-Unis de l’UE, le possible retournement de l’économie américaine après un long cycle de croissance, les mutations engagées en Chine pour relancer son économie et l’évolution de la situation politique en France, Allemagne et Italie.
D’autre part, l’année 2019 devrait être marquée par la poursuite de la normalisation monétaire en zone euro et les hausses de taux de la FED. Néanmoins, cette dernière s’est dit prête à ralentir sa politique pour soutenir les marchés financiers. C’est une quasi-certitude : la fin de l’argent totalement gratuit et abondant va peser sur les marchés.
En somme, nous pensons que les taux à long terme resteront stables ou légèrement haussiers aux Etats Unis et encore bas en Europe, en l’absence de réel relèvement des taux de la BCE. Néanmoins, nous anticipons des tensions ponctuelles, au gré de l’actualité économique, qui pourraient nous ouvrir des fenêtres d’investissement.
Les maitres-mots de 2019 seront prudence, réactivité et agilité. Prudence dans la prise de risque, notamment sur les marchés actions qui pourraient se montrer tout aussi volatil qu’en 2018. Réactivité et agilité sur les marchés de taux afin de saisir les opportunités de placement.
Par Pierre-Jean SERT et Pierre VERINE